
Rien n’est vrai, tout est vivant
Art symbiotique, formes et langages du vivant
Jeudi 21 octobre 18h30 : Entretien croisé avec les artistes
Rien n’est vrai, tout est vivant
Art symbiotique, formes et langages du vivant
Le titre de la saison reprend le détournement d’un célèbre aphorisme par Edouard Glissant, « Rien n’est vrai, tout est vivant.». Il développa la portée de cette affirmation lors d’une intervention à la Maison de l’Amérique Latine à Paris en 2010 en opposant la dynamique du Vrai en tant qu’absolu au Vivant en tant qu’expression qui ne connait pas de discontinuité. Il dira également lors d’un entretien que « le niveau le plus élémentaire de cette affirmation est qu'il faut passer de l'idéologie à la pulsation, passer de l'idée systématique à l'intuition. La pulsation et l'intuition, c'est le vivant. L'idéologie, c'est le vrai, non pas au sens d'une vérité particulière, mais de ce Vrai absolu (et sectaire) qui a été très souvent à l'origine de la recherche de la connaissance (et de la puissance), particulièrement en Occident. Dans "Rien n'est vrai, tout est vivant", le vivant signifie l'inattendu, l'imprévu, souvent le non-rationnel, mais aussi l'ultrarationnel, sans fixité aucune... ». Pour se saisir de la question du vivant, il faut sans aucun doute faire preuve d’une disposition particulière, d’une sensibilité renouvelée, ne serait-ce que pour comprendre son étendue, ses ramifications infinies, sa fragilité. L’expérience infiniment concrète du changement climatique, ou encore de la disparition de pans entiers du vivant (nous pensons ici aussi bien aux animaux, qu’aux végétaux et aux dernières terres sauvages) nous intime au déplacement, à opérer un pas de côté, à nous décentrer.
Pour cette première saison de résidences, la Fondation LAccolade a accueilli trois artistes, Charlotte Gautier Van Tour, Caroline Le Méhauté, Chloé Jeanne, trois artistes qui chacune dans l’élaboration même des œuvres, dans l’acte de création, mobilisent le vivant et entretiennent avec lui une relation qui peut s’apparenter à un dialogue. Il ne s’agit pas tant de créer à partir d’une matière vivante mais de considérer le vivant comme la matière même de l’art avec sa part d’imprédictible et d’autonomie. La biologie classe les modes d’interaction entre vivants selon quatre grands principes : le parasitisme, la prédation, le commensalisme et la symbiose. Si les deux premiers nous sont familiers, les deux suivants le sont moins, et pourtant, nous gagnerions en tant que vivants parmi les vivants à explorer et à comprendre le commensalisme qui est une interaction bénéfique à ses acteurs, et voir dans la symbiose un art de la relation dans lequel il n’y rien à craindre de la métamorphose. Le vivant est une continuité métamorphique et nous savons depuis les recherches de la microbiologiste Lynn Margulis en lien avec l’hypothèse Gaïa que l’habitabilité de la Terre n’aurait pas été possible sans l’action symbiotique des peuples innumérables de micro-organismes.
Du 16 au 31 octobre 2021
Espace Cœur Marais
3 rue Portefoin, 75003 Paris

Vues de l’exposition
photographies Martin Argyroglo

Vues de la performance EXCAVATION/EVAPORATION
Cristopher Cichocki