
Saison 4 à Paris - Tremblements de la Terre
Notre programme de résidences de cette année s'intitule Tremblements de la Terre. Il ne s'agit pas d'étudier les tremblements de terre ou les mouvements sismiques, mais de poursuivre le champ d'investigation révélé par l'hypothèse Gaïa avancée par le chimiste James Lovelock et la biologiste Lynn Margulis : la Terre est un superorganisme sensible qui réagit à l'activité humaine. Nous avons une responsabilité morale et primordiale envers la Terre qui nous porte et nous nourrit. Nous échangeons avec elle, comme avec l’Autre, et nous frissonnons à son contact tandis qu’elle réagit à nos actions.
La fabrication d'objets à partir d'une matière comme l'argile, ancestrale, modelable, crue, cuite ou transformée en matériau réfractaire, nous donne l'occasion de réfléchir sur la relation contemporaine, parfois ambivalente, qu'entretient l'humain avec son environnement, les erreurs commises et les réparations possibles.
Ninon Hivert
6 novembre - 11 décembre 2024
Ninon Hivert, troisième artiste en résidence, s’est constitué une archive photographique d’objets anodins, usuels, des vêtements, des accessoires de la vie courante, qu’elle revisite de mémoire, en leur accordant une âme, au-delà de leur usage. Ce ne sont pas des répliques, mais des vestiges archéologiques de notre temps, qui convoquent les êtres qui les ont portés, des empreintes d’humains insignifiants aux prises avec leur environnement, des exuvies vestimentaires, comme le projet Lambda qui ne sont pas sans rappeler les études classiques d’ombres et de plis du drapé. En sculptant dans l’argile les traces de nos mouvements, Ninon Hivert leur transfère une sensibilité, une fragilité qui nous renvoie dans un geste premier à nos origines, mais également à notre propre finitude.
Joke Raes
10 juin - 14 juillet / 1 octobre - 25 octobre 2024
L'énergique délicatesse des œuvres de Joke Raes traduit l'émergence d'un nouveau rapport au monde et à soi-même, plus proche de la notion de ravaudeur initiée par Bruno Latour, celui ou celle qui répare, plutôt que de celle d’extracteur. Les sculptures en porcelaine de la série Masks d’une extraordinaire finesse, fabriquées avec une grande maîtrise, nous frappent par leur apparente explosion organique comme si la matière échappait à leur créatrice et entamait un véritable dialogue avec elle, en toute égalité. Un langage s’invente, inconscient, émotionnel, interrogeant l’équilibre fragile de notre vie intérieure lorsqu’elle se confronte aux êtres qui nous entourent, nos liens de parenté, d’amitié, nos liens sociaux.
Ry Rocklen
9 septembre - 26 septembre 2024
Ry Rocklen, second artiste de la saison, crée des sculptures de céramique à partir d’objets du quotidien qu’il récupère dans des brocantes, qu'il modifie, assemble de manière incongrue. Ses sculptures sont souvent hybrides, fragmentées, traversées par une étagère ou à double face, révélant la face cachée en totale contradiction avec les apparences. Son travail confronté au banal et à l’insignifiant n’est pas dénué d’humour et de tendresse. Il interroge notre relation aux injonctions culturelles, au consumérisme, en partant de l’objet comme miroir de nous-mêmes.